Jeudi 21 septembre au Palais des Sports a eu lieu la première de la comédie-musicale Bernadette, co-produite par Gad Elmaleh, à Paris, après 150 000 spectateurs conquis. J’y étais et ai compris que cette production permettait d’ancrer la mémoire de Lourdes par l’art.

La salle est presque pleine. Le public, pas exclusivement catholique malgré les nombreux prêtres et religieuses, est bienveillant et enthousiaste. La comédie-musicale Bernadette se délocalise de Lourdes pour arriver dans la capitale avant une tournée dans toute la France. Le spectacle respecte les codes du genre : chants et airs répétés entrecoupés de dialogues dynamiques et de décors réorganisés habilement en permanence pour illustrer l’histoire de Bernadette, jeune fille qui dit avoir vu une jeune dame en blanc et est soumise à des pressions pour la faire renoncer à son rôle de messagère de l’apparition.

Revisiter l’histoire de Bernadette par la (bonne) musique

L’histoire de l’apparition mariale la plus célèbre est généralement connue mais la manière de la raconter est novatrice. Ce qui frappe est d’abord le professionnalisme assumé. Avec un budget de 11 millions d’euros et 25 chanteurs professionnels, le spectacle rivalise artistiquement avec n’importe quelle autre œuvre profane. Le récit s’angle autour de la force de la petite Bernadette de résister aux mensonges et tentatives de détournement de la révélation qu’elle reçoit. La musique, composée par le célèbre chanteur Grégoire, est efficace et les morceaux se retiennent bien. Nombreux parmi les spectateurs qui découvrent le spectacle ont d’ailleurs déjà écouté la bande-son et sont capables de reprendre avec les artistes les 14 chansons de l’album déjà sorti. Les chanteurs, impeccables, les interprètent en live avec brio. La performance de David Ban, qui incarne le père de Bernadette, émeut particulièrement ce soir-là à travers ses solos célébrant le lien particulier père-fille, avec une puissance et justesse vocale saisissante.

La qualité des chants, à la fois mélodiquement et au niveau des textes, assure une pérennité à la comédie-musicale au-delà de ses représentations. Ils sont émotionnellement chargés, emportant ceux qui les écoutent au cœur de l’aventure surnaturelle. Plusieurs chansons, dont celles fredonnées par Bernadette, ressemblent à des prières. C’est là qu’est l’intérêt pour les croyants de voir ce spectacle : il imprime dans leur imaginaire auditif l’histoire de la sainte bergère qui a changé le monde dans l’humilité. À la fin du spectacle, après les applaudissements, l’actrice jouant Bernadette reprend son titre-phare et l’on voit une procession de pèlerins et de malades la dépasser. Parallèle avec la salle du soir où les personnes handicapées et celles en précarité sont mises à l’honneur. Et dernière image saisissante de Bernadette, qui, en beau modèle pour les chrétiens, n’est pas centrée sur elle mais pointe vers la Vierge Marie, Mère de Dieu, et mets les pauvres et les souffrants à la première place.