Posément et non sans humour, l’acteur a témoigné de sa curiosité spirituelle sur le plateau de « C à vous ».
Une envie de « parler de tout »
Il a le rire communicatif. Gad Elmaleh fait partie de ces humoristes capables d’amuser sans cliver. Une qualité précieuse lorsqu’il aborde un sujet aussi délicat que celui de Dieu. Son dernier spectacle, D’ailleurs, dont la tournée commence ce 31 mai, évoque en effet la question religieuse. Et c’est une gageure pour l’homme qui prend le sujet au sérieux : il en avait témoigné en novembre sur le plateau de « C à vous », ce spectacle est particulièrement personnel. « J’ai décidé d’aborder tous les sujets. Je ne sais pas si c’est mon dernier spectacle, mais j’avais envie, avec pudeur, de parler de tout ». De retour sur ce même plateau le 18 mai, il a expliqué que pour parler de foi en particulier, l’âge lui donnait du courage : « à trente ans, tu veux le dire et tu le dis pas ; à quarante ans tu le dis mais tu as peur de ce qui va te revenir ; à cinquante ans tu as un peu peur, tu te justifies quand même avec une petite précaution… mais en même temps je pense que les gens sont assez intelligents pour capter ce que j’ai dans le cœur ».
Théologie aux Bernardins
Cet intérêt de l’humoriste pour la foi n’est pas nouveau ; il commence durant son enfance, au Maroc : « j’ai été éduqué dans une famille juive séfarade assez traditionaliste, j’ai fait une école religieuse, une Yeshiva où j’ai appris le Talmud ». Cette éducation lui a non seulement ouvert l’esprit, mais lui a aussi donné les bases qui permettent de réfléchir à ce que l’humoriste aime appeler « l’hypothèse de Dieu ». « Si je n’avais pas été mis en face de l’irrationnel, du spirituel, du dogme même, je n’aurais pas été intéressé et pas assez entraîné ». Mais l’acteur ne s’est pas arrêté à l’éducation religieuse reçue dans l’enfance. C’est comme adulte qu’il s’intéresse à la religion, se renseignant auprès des rabbins et des imams d’une part, prenant des cours de théologie aux Bernardins d’autre part. Sa démarche, il l’apparente à une hygiène de vie : « de plus en plus, j’ai envie d’éliminer le gras, explique t-il. J’ai envie que ça s’épure, de couper un peu. Et petit à petit, il reste… une quête, oui. »
Lutter contre les superstitions
S’amusant des attitudes et des pratiques religieuses sans méchanceté, Gad Elmaleh se désole du manque de curiosité collective sur les sujets religieux. « Quand je lis des textes sur le christianisme ou l’islam je suis presque préparé par l’éducation talmudique » explique t-il, témoignant être « bouleversé par saint Augustin » et touché par « les maîtres soufis ». Evitant le syncrétisme facile, l’humoriste plaide pour une curiosité religieuse prenant le temps de s’informer et de lever les tabous. L’artiste, qui a échangé personnellement avec le cardinal Robert Sarah en juin dernier, reproche ainsi le conformisme de ses proches de confessions juive ou musulmane qui se méfient des églises par superstition. « Moi je vais dans l’église : je vais y chercher le recueillement, le calme… la prière peut-être ». Puisse-t-elle être entendue.
Religions : Gad Elmaleh n’a pas peur des sujets qui fâchent – C à vous – 18/05/2022