Autant le dire tout de suite : je suis un drôle de paroissien. J’ai fait mon caté dans l’Est parisien à une époque où, faute d’apprendre à connaître le Dieu des chrétiens, on coloriait Che Guevara. Pour le gamin que j’étais, la paroisse était un regroupement inoffensif de seniors rêvant d’une révolution sans merguez ni banderoles.
J’ai perdu ensuite le contact avec ma paroisse et avec le Bon Dieu. Forcément. Il a fallu que le Cœur sacré de Jésus me tire lui-même de mon athéisme. C’était sur les toits de la basilique de Montmartre, surplombant les clochers parisiens. Je suis devenu un étudiant « sans paroisse fixe », me déplaçant au gré des amitiés et des splendeurs liturgiques. Je n’ai retrouvé la paroisse que bien plus tard. Pas la mienne mais celle des autres; là où j’étais envoyé en mission par ma petite communauté Aïn Karem ; là où je partais en reportage prendre le pouls de communautés chrétiennes qui ne voulaient pas mourir.
Avez-vous entendu parler de ce bestseller paru en 1945 intitulé Paroisse, communauté missionnaire ? Tout a changé depuis. Mais le leitmotiv de l’auteur, l’abbé Michonneau, n’a pas pris une seule ride : « Qu’est-ce qui empêche la paroisse d’être missionnaire ? C’est qu’elle est réduite au milieu paroissial, qui l’enferme, la sclérose, lui donne l’illusion d’une vitalité qui n’est qu’une vitalité factice, en vase clos. » Curé d’une paroisse en milieu populaire, ce dernier plaidait à l’époque pour ouvrir en grand les portes et les fenêtres. Objectif : éviter que son église ne devienne un bunker de vieux catholiques perdu au milieu d’un désert païen. Il concluait : « La paroisse doit redevenir une communauté. » Une communauté vivante, reliée à un territoire, avec des croyants de tous poils, issus de tous les états de vie et de toutes les catégories sociales.
Au-delà de toutes les méthodes d’évangélisation qui ont fleuri en France (avec un goût
plus ou moins anglo-saxon), la communauté demeure un marqueur indispensable. Pourquoi ? Parce qu’une paroisse vivante est d’abord synonyme de proximité et de fraternité. Cela n’est pas un mythe ecclésiastique mais une réalité charnelle dont nous pouvons faire l’expérience, avec un couple au fond de la vallée d’Aspe (page xx) ou encore à la Madeleine de Besançon (page xx). La paroisse est tout sauf morte. Elle est juste en mutation et sa nouvelle composition chimique n’est pas encore stabilisée. Comment la paroisse est-elle née ? Elle est apparue avec le feu d’artifice des Actes des Apôtres. Rien n’empêche demain nos paroisses de devenir des havres de paix dans le grand chaos contemporain. Nos paroisses, c’est un peu Dieu qui frappe à la porte, comme un voisin. À toutes les portes.
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Mission est aussi une promesse, celle de tisser un grand réseau missionnaire en France et d’installer l’évangélisation dans le quotidien des communautés chrétiennes. La promesse de montrer la beauté de la mission et sa diversité créative.
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