17 septembre 2022
Alors que Mathias Pogba, frère du champion mondial Paul Pogba, vient de reconnaître être à l’initiative d’une vidéo de chantage révélant l’usage de sorcellerie par celui-ci, le grand public découvre avec surprise l’influence insoupçonnée des marabouts dans le monde du football. Pour Fabiola Francfort cette affaire souligne en contre-point une spécificité du christianisme plus que jamais appréciable dans le monde sportif.
L’affaire Pogba a surpris. Et, d’où qu’il vienne, l’honnête homme doué de raison ne peut que condamner spontanément ces pratiques ésotériques. Particulièrement actifs en Afrique et pour certains installés en France, avec leurs petites-annonces tapageuses inondant les boites-aux-lettres, les marabouts, comme les diseuses de bonne aventure ou voyants, vivent principalement de la crédulité des gens. Leurs promesses extravagantes, comme pour d’autres marchands d’ésotérisme, avec potions et incantations, ont surtout à voir avec le charlatanisme. Mais le chrétien, lui, ajoutera une couche : il croit que le monde spirituel existe. Les pratiques de type magique font intervenir le surnaturel, mais contrairement à ce que leurs auteurs affirment – parfois par réelle ignorance – elles n’ont qu’une relative efficacité provisoire et qui se paie au prix fort qu’en faisant appel au monde des démons.
Paru en 2021, l’ouvrage du père Thibault La Prison des esprits (Editions Salvator), ensemble d’entretiens sur les pratiques occultes, pointe les dangers associés à ces pratiques requérant souvent un exorcisme pour arracher ces démons à ceux qui, parfois même croyant bien faire, les ont appelés. Ce même livre précise préalablement que beaucoup de marchands de magie ne font que mettre au point des arnaques pures et simples, usant de mécanismes psychologiques basiques pour manipuler leurs clients et leur faire dépenser des sommes de plus en plus importantes, comme les richissimes footballeurs, en les blâmant pour leur manque d’investissement en cas d’échec de leurs rituels. Un regard lucide sur une situation de plus en plus commune.
Au début de l’affaire Pogba, joueur converti à l’islam, la chaîne de BFMtv interviewe un marabout autoproclamé ; celui-ci surprend alors en disant qu’il prie et agit au nom d’Allah. Cette sorcellerie est de facto plus poreuse avec l’Islam, la croyance doctrinale en l’existence de créatures appelées djinns, ni ange ni homme ni démon, constituant une porte d’entrée. On peut se féliciter d’une étanchéité de ces pratiques d’avec le christianisme. Cela ne signifie pas qu’aucun chrétien ne touche à l’occultisme, mais une bonne formation chrétienne en montre l’incompatibilité radicale avec la pratique chrétienne. En effet, le chrétien sait que prétendre forcer la liberté d’autrui par un envoûtement est contre la dignité humaine. En outre, la simonie, qui consiste à faire payer pour des bienfaits spirituels, est vue comme gravissime dès les débuts de l’Eglise puisque cette pratique doit son nom à sa condamnation dans les Actes des apôtres. Quel pasteur intègre accepterait de l’argent en échange de ses prières ? Le principe même de la malédiction, puisque c’est de cela qu’il s’agit, est enfin fondamentalement anti-chrétien. Comment souhaiter du mal à son prochain alors que Jésus l’appelle à bénir ceux qui le persécutent ?
La banalité des pratiques de maraboutage dans le milieu du football démontre à quel point les sportifs, bien que spécialistes de leur sport, ne comptent pas que sur leurs propres forces pour réussir. Cela doit amener à considérer avec plus de bienveillance la ritualité chrétienne, très présente dans le monde du football – pensons au nombre de joueurs faisant leur signe de croix en entrant sur le terrain. Et si ces expressions de foi chrétienne, qui peuvent être considérées de l’extérieur comme trop démonstratives ou légères, n’étaient pas la meilleure protection contre la tentation du recours à d’autres forces spirituelles, qui n’ont rien à voir avec le Christ ? Le chrétien peut lui aussi prier pour une guérison, pour un but marqué, pour une victoire. S’il est avancé dans la foi, il priera pour les autres, y compris ses adversaires et ses concurrents, comme le gardien du PSG Keylor Navas ou comme l’aumônier d’Olivier Giroud priant aussi pour Karim Benzema alors même que celui-ci s’en prenait au premier. Parfois, et plus qu’on ne le croit, sa prière très concrète sera exaucée et ce sera l’occasion d’une action de grâce. Et quand cela ne lui sera pas accordé, ce sera pour lui un moyen de grandir dans la persévérance, et, pour reprendre St Thomas d’Aquin, d’agir comme si tout dépendait de soi pour mieux prier comme si tout dépendait de Dieu.
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