Ce qui fait du bien ne fait pas de bruit ; ce qui fait du bruit ne fait pas de bien. Loin des déclarations de principes et des slogans publicitaires, nous sommes allés interroger Jacques Humeau, fondateur de la discrète association « Tous entrepreneurs pour la paix ».
Ce qui frappe immédiatement chez Jacques Humeau, ou « le frère Jacques », comme il aime à être appelé, c’est son énergie : une énergie puissante. Sa voix est ferme et enthousiaste, et l’élan avec lequel il mène la conversation vous font souvent oublier qu’il a bientôt 88 ans.
Il faut dire qu’il dirige l’association « Tous entrepreneurs pour la paix » et que cela en demande, de l’énergie. Marqué très jeune par l’exemple de ses parents qui apportent de la nourriture aux enfants réfugiés pendant la guerre, Jacques Humeau a fondé en 1986 cette association pour récupérer les invendus d’une vingtaine d’enseignes. « Tous entrepreneurs pour la paix » prépare ainsi des colis de 60 kg de produits alimentaires variés, pour les distribuer à des milliers de personnes en difficulté partout en France. Les bénéficiaires sont des personnes isolées ou des familles dans le besoin, mais aussi des congrégations religieuses en situation difficile.
Dans la bouche de Jacques Humeau, la charité apparait comme une évidence. Il répond fréquemment à des demandes ponctuelles d’aides, des gens qui ont besoin d’un toit ou d’un couvert.
L’association a accueilli des chrétiens d’Irak et des yézidis, ou encore des religieux étrangers en déplacements en France.
L’essentiel, pour lui, est de vivre la charité au plus près de ceux à qui est apporté le secours. Entré à treize ans dans le Tiers-Ordre franciscain, Jacques Humeau insiste beaucoup sur la nécessité de vivre pauvre avec les pauvres. « L’important c’est d’avec peu faire beaucoup, et pas l’inverse » aime t-il expliquer. Il insiste sur la simplicité et la rapidité des actes de charité de l’association, accomplis « sans réunion préalable à n’en plus finir ».
Le frère Jacques ne mâche pas ses mots : au cours de nos entretiens, il critique les hommes politiques et les associations qui, en matière de charité, préfèrent la discussion et les réunions à l’action, et qui se tiennent éloignés des réalités de la pauvreté. Car pour lui la charité n’est pas anonyme. S’il ne connaît pas personnellement les milliers de personnes que son association soutient, il cite de nombreux exemples de personnes qui ont bénéficié du soutien de l’association : une famille sans ressource après un accident du père, des congrégations religieuses en difficulté. Il parle aussi des bénévoles de son association, qui font parfois des centaines de kilomètres pour aller chercher la nourriture ou livrer les colis en Bourgogne, à Lourdes et partout ailleurs en France.
Son esprit critique épingle aussi le manque de bon sens de certaines décisions politiques qui ont contribué à pousser à la consommation et à augmenter le gâchis alimentaire. Il s’oppose notamment à l’interdiction de donner de la nourriture au-delà de la date indiquée sur le paquet, qui n’est souvent qu’une date de consommation optimale : cette date a fait perdre aux consommateurs la responsabilité et l’habitude de vérifier par eux-mêmes si le produit est mangeable ou non. Des tonnes de produits encore consommables sont ainsi jetées chaque année, alors qu’elles pourraient servir à nourrir les plus démunis.
La charité de Jacques Humeau est exigeante : elle ne renvoie pas la personne qui en bénéficie au rang d’assisté, mais elle l’élève et le responsabilise. Il est demandé aux familles qui reçoivent l’aide de l’association une participation, largement inférieure à la valeur réelle des colis. Cette participation, loin d’être purement symbolique, les rend collaborateurs de l’aide qui leur est apportée.
La charité de Jacques Humeau est enfin ancrée dans la foi profonde dans le Christ : la plus grande valeur de son association, c’est justement de conjuguer la foi et les actes.
La devise de l’association est : « prière, partage, mission ». S’il ne peut plus être sur le terrain, à préparer des palettes ou à conduire des camions remplis de nourriture, la fierté de Jacques Humeau est de toujours s’occuper de la prière : il prie pour ses bénévoles et les bénéficiaires, et confie à tous ceux qui le croisent d’en faire de même. La charité, constate t-il, est d’ailleurs la plus éclatante des évangélisations : il reçoit tous les jours des messages de remerciement, des intentions de prière et de nouvelles demandes d’aides.
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