On parle beaucoup de conversion dans le domaine écologique. Nous avons demandé à Yann Arthus-Bertrand ce que cela voulait dire pour lui.
Moi, je suis écolo depuis l’âge de 20 ans. À cette époque, je tombe amoureux. Je rencontre quelqu’un qui me fait voir la nature. Est-ce une conversion? C’est surtout l’histoire d’un gosse paumé et opportuniste qui ne s’intéressait qu’à son nombril et qui découvre la beauté de la forêt, où il se sent bien. Aujourd’hui, je continue de m’étonner de notre manque de réaction face à la crise écologique. On a l’impression que personne n’est capable de le faire.
Pourquoi ? On dépend tous de la croissance. C’est le symbole même de notre civili- sation. Sans elle, qui payera demain les hôpitaux, les routes ? Or, cette crois- sance dépend de ce pétrole qui conduit notre civilisation tout droit vers la mort. Mais sans lui, les paysans ne travaillent plus, les camions ne livrent plus… Comment dépasser notre envie de confort ? J’invoque la spiritualité – je n’ai pas trouvé d’autre mot –, car elle dépasse nos besoins physiques et quotidiens. Dans mon cas, il m’a fallu dix ans pour devenir végétarien à 99% après avoir pris conscience de la souffrance animale. Tout a commencé en regardant un film à Rio après lequel je me suis dit: «Deviens végétarien.» J’étais converti ! Une autre personne qui bossait avec moi a fait le même chemin grâce à ce film. Les films que je réalise, comme Legacy, peuvent produire le même effet. Certains se disent après les avoir vus : « Je vais arrêter de manger de la viande. »
La conversion, c’est une prise de conscience. Tout devient évident, c’est très fort et tu ne reviens plus en arrière. Cela dit, je devrais être végan, mais je ne le suis pas encore Pourquoi mon envie de bouffer du fromage est-elle supérieure à mes convictions ? Je n’en sais rien !
Je ne suis pas croyant. Mais je crois au bien et au mal. Au fond de soi, dans la vie, au quotidien, on a conscience de ce que ça signifie. Quand on fait le mal, on le sait! La conversion écologique, c’est simplement éviter le mal sans se chercher des excuses. La religion, c’est distinguer le bien et le mal. Elle a été inventée selon moi pour nous tirer vers le bien.
Ma vieille tante est une bonne sœur de 102 ans qui vit dans un Ehpad, un endroit forcément un peu sinistre. Il n’y a rien de beau sinon le sourire des infir- mières ! Quand je viens la voir, elle a toujours l’air heureuse. Je lui demande comment elle fait: «Tu sais, Yann, je ne m’occupe pas de moi mais des autres. » C’est la même chose avec les bonnes sœurs avec qui je travaille dans mes pro- jets. Elles ne sont pas mariées, elles n’ont plus d’ego; elles prennent soin des autres. Je suis admiratif. Qu’est-ce qu’il y a de plus beau que de s’occuper des autres ? C’est le secret du médecin ou de la religieuse.
Tu me demandes qui est Jésus pour moi ? Jésus, c’est l’homme qui marchait sur l’eau ! C’est un peu comme Jeanne d’Arc… Je ne sais pas trop ce qui est vrai dans tout ce qu’on raconte sur lui. Bien sûr, il a existé et il était sans doute un homme meilleur que les autres Mandela est un exemple pour moi, mais pas Jésus… Pourquoi ? Je ne suis pas en prise directe avec Jésus, il n’est pas sur Facebook ! J’ai du mal à m’y intéresser. Quand j’assiste à un mariage ou à un enterrement, je n’accroche pas souvent avec les paroles du prêtre qui commente des paraboles. J’ai du mal à comprendre comment ce discours est connecté à la réalité.
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