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Sport

Fabiola Francfort

11 octobre 2022

L’organisation par le Qatar de la Coupe du Monde occulte le fait que les footballeurs de ce tournoi seront à plus de deux tiers de culture chrétienne. Et on parie que certains, étant donné leur enthousiasme les ayant fait par le passé braver la défiance des instances officielles, oseront exprimer leur foi même dans l’émirat. Car ces joueurs ont des prédécesseurs : retour sur une histoire méconnue. 

 

Une réalité massive sous-estimée

Le numéro 4 de la Revue Mission papier a sélectionné 11 joueurs de premier plan de 11 pays différents en route vers le prochain Mondial ayant confessé leur foi chrétienne: Olivier Giroud, Mateo Kovacic, Christian Pulisic, Keylor Navas, Neymar, Robert Lewandowski, Lucas Jovic, Leo Messi, Cristiano Ronaldo, Axel Witsel et Edinson Cavani. 

Il aurait pu également mentionner presque toute l’équipe du Brésil, depuis l’attaque avec Gabriel Jesus qui a choisi le numéro 33 par référence christique jusqu’au gardien Alisson Becker, le pieux brésilien s’affichant avec les symboles polyglottes croix-égal-amour après ses victoires, qui a accompagné la conversion de son coéquipier Firmino. Le second gardien brésilien Ederson Santana de Moraes a même tatoué « I belong to Jesus » sur sa poitrine. Si, malgré leur concurrence sur le poste, les deux gardiens s’entendent si bien, c’est que leur foi commune joue un rôle en permettant de dépasser la rivalité sportive. En Equateur, l’expérimenté Angel Mena est aussi prédicateur chrétien. Le Français Florian Thauvin s’émerveillait que dans son nouveau club mexicain avec son compatriote André-Pierre Gignac, les joueurs récitent tous ensemble un Notre Père : nul doute que cette présence se traduise en sélection mexicaine. Au Cameroun, Ghana, Allemagne, Espagne, Angleterre, Canada, Australie, Corée du Sud, Suisse, Pays-Bas… se trouvent aussi des footballeurs chrétiens.

Ce phénomène passe largement sous les radars car les chrétiens « se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence » pour reprendre les mots de l’épître à Diognète. Le respect des règles est vu comme une vertu : « Les footballeurs obéissent à la loi de Dieu, mais ils obéissent aussi à la loi du coach et du club » explique la sociologue Carmen Rial. De plus, les choix éditoriaux, notamment les caméras des diffuseurs tentant d’éviter les signes de croix ou les avertissements répétés de la FIFA contre la Fédération brésilienne pour la foi démonstrative de ses joueurs, atténue la visibilité d’une présence toujours actuelle.

 

Des témoignages intenses

« À la fin du siècle dernier, les Coupes d’Afrique des nations étaient l’occasion de colporter, sourire en coin, des histoires de marabouts et de rituels exotiques. Aujourd’hui, sur les terrains, c’est la religion qui s’exprime » lit-on dans le récent numéro de L’AfterFoot consacré au thème foot et religion. Le magazine note la scène du 3 février 2022 où les Camerounais, ensemble, « joignent leurs mains pour prier le dieu des chrétiens », signe d’une Afrique du foot subsaharienne où l’animisme laisse la place au recours au christianisme. Même phénomène au Brésil : « Pendant des années, prières, pagode et musique de samba coexistèrent au sein de l’équipe nationale sans conflit. Bien qu’elles continuent de coexister, les célébrations de 2009 témoignent clairement de la nouvelle hégémonie de la religion sur la samba » explique la sociologue Carmen Rial. Après leur victoire en Coupe des Confédérations en 2009, les joueurs brésiliens, à qui l’on interdit de porter leur T-shirt blanc « J’appartiens à Jésus » sur le podium, les prennent dans leur main et les placent sur leurs shorts pour qu’au moment où ils élèvent la Coupe, les mots « I love Jesus » soient visibles de tous. Tactique.

S’il existe des degrés différents d’engagement selon les joueurs, les plus dévots ont une éthique de vie qui les fait admirer nonobstant leur étiquette religieuse. Cette droiture s’exprime parfois dans des comportements hors du commun. La monacale star Radamel Falcao est victime d’un tacle dangereux en Coupe de France le privant de sa première Coupe du Monde en 2014 et défend malgré l’émoi des Colombiens le joueur amateur responsable de sa blessure. Le Polonais Kuba Błaszczykowski, catholique engagé parrain des JMJ de Cracovie, voit à l’âge de 11 ans sa mère mourir dans ses bras après avoir été poignardée par son père et se rend quand même à l’enterrement de ce dernier 17 ans plus tard. Javier Zanetti, par son exemplarité et le fait qu’il parle souvent de sa foi, a accompagné dans sa conversion au catholicisme son coéquipier le Néerlandais Wesley Sneijder (vice-champion du Monde 2010). La dévotion de tant de joueurs brésiliens a créé des conditions favorables à la spectaculaire conversion du footballeur brésilien Alexandre Pato après une vie de débauche et de drogues à Los Angeles.

 

Dieu et ses héraults

Les meilleurs footballeurs n’ont pas demandé à être idolâtrés : « Beaucoup disent de moi ‘Tu es Dieu’, et moi je leur réponds ‘Vous dites n’importe quoi. Dieu est Dieu, et moi je suis un simple footballeur’. », dit sagement Maradona, et pour Pelé : « tout ce que j’ai fait, je le dois à Dieu ». Ces paroles claires s’appliquent aux deux nouveaux monstres du football que sont Cristiano Ronaldo et Messi. Parlant de son célèbre coéquipier du Real Madrid, Keylor Navas explique : « il n’y a qu’un seul Dieu. Cristiano est le meilleur joueur du monde, mais Dieu est Dieu et totalement différent ». Le Pape François est fan de son compatriote, mais explique aux journalistes : « Messi est extraordinaire à voir jouer, mais il n’est pas Dieu ». Avec un tel nom, le rappel est salutaire…

La fragilité de leur carrière est propice à leur ouverture à la foi, ce qu’exprime Monseigneur Lebrun, ancien arbitre: « Les sportifs de haut niveau tutoient leurs limites et se rendent compte, plus que d’autres, qu’ils ne sont pas tout-puissants et alors la dimension spirituelle se manifeste plus fortement ». La doctrine chrétienne les rassure sur le fait d’être aimés par Dieu, et cela se traduit par une douceur nouvelle dans le rapport aux autres.

De par la plate-forme singulière qu’ils occupent, les footballeurs sont ambassadeurs de premier plan de l’Église auprès de la jeunesse. Être, par leurs paroles et leur attitude, de bons témoins de Jésus au Qatar, c’est à dire étymologiquement, martyrs, serait une palme encore plus enviable que de gagner la Coupe du Monde. Et si, comme l’on prie pour son équipe favorite, nous priions pour que les footballeurs du Christ restent fidèles à leur témoignage exigeant de foi ?

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