Le philosophe Pierre Manent trouve en Pascal une source vivante d’inspiration. À son école, il estime que le travail de l’Église n’est rien d’autre que de prêcher Jésus-Christ, sans fioritures ni hors sujets. Une pensée plus qu’utile.
Chaque époque a ses ironies et ses contradictions. Notre temps connaît tout spécialement les ironies et contradictions de la liberté. Plus nous avons de droits et libertés, plus se rétrécit le champ de ce que nous pouvons dire effectivement. Je peux tout dire, mais à condition de n’offenser personne… Cette contradiction affecte particulièrement les catholiques. C’est largement contre l’Église en effet – il faut rappeler ce fait embarrassant – que nos libertés ont aiguisé leur pointe. L’Église n’a plus depuis longtemps le désir ni la capacité d’imposer ses vues, mais l’opinion garde les images des temps où elle participait largement au gouvernement de la société. Ainsi, alors que le législateur multiplie les lois ruinant les institutions que l’Église bénissait, que les sociologues annoncent la fin du catholicisme, que les catholiques eux- mêmes dénombrent avec angoisse ce qui reste du troupeau, le fantôme d’une Église commandante et intolérante flotte au-dessus du corps civique. Comment surmonter cette faiblesse et congédier ce fantôme ? La réponse est simple : retrouver la parole.