La théologie s’est forgée en réponse aux contradictions du monde et aux hérésies. Elle se renouvelle aujourd’hui au contact des objections de nos contemporains. Jonas répond à des questions entendues lors de missions dans la rue.
Il y a pas mal de gens pour le croire aujourd’hui. Mais l’accusation ne date pas d’hier. Loisy, un professeur ès sciences bibliques du début du xxe siècle, avait lancé la formule : « On attendait la fin du monde [annoncée par Jésus] et c’est l’Église qui est arrivée ! » Vous voyez ça d’ici : on attendait le retour imminent du Christ, on vivait sans structures, sans dogmes ni cérémonies, et puis, comme décidément l’attente durait et durerait sans doute très longtemps, on s’est organisé, et on a fabriqué une religion dont Jésus n’a jamais eu l’idée ! C’est simple et ça marche !
Mais c’est faux. La surprise qui nous attend quand on sonde les origines chrétiennes, c’est que tout ce qu’on « invente » est déjà déposé dans le noyau: l’Eucharistie, la structure apostolique, les axes du Credo, etc. Vous vous figurez qu’un beau jour un penseur de génie aurait imaginé le « ceci est mon corps / ceci est mon sang » ? Ou qu’on aurait crédité Jésus de l’incroyable prétention d’accomplir la Loi, au lieu de la commenter à sa façon, comme tous les autres ? À chaque pas, on s’aperçoit que l’onde de choc provoquée par Jésus de Nazareth est le fait premier et que le reste en dérive. Tout ce qui s’appelle liturgie, doctrine, organisation n’est après tout qu’une manière de garder vivante l’incroyable nouveauté qu’il a apportée…